
C’est un environnement qui avait permis de redonner du « peps » boursier au secteur jusqu’à ces derniers mois : les télécoms bruissent de rumeurs de rapprochement entre les grands opérateurs. Il faut dire que l’arrivée d’un quatrième acteur en 2012 (Free, coté en Bourse au travers de sa maison-mère Iliad) avait créé un véritable choc. Une guerre des prix dans le mobile s’était enclenchée immédiatement, puis s’était muée en guerre des promotions dans le mobile et le fixe, pour conquérir toujours plus d’abonnés.
La 4G et la fibre sont des moyens d’attirer des clients et d’accroître leur consommation. Mais dans une industrie de coûts fixes et de concurrence exacerbée, quoi de mieux qu’un mariage qui permettrait l’élimination d’un compétiteur au profit de ceux qui restent ? Après SFR, repris par Numericable (rebaptisé SFR Group), c’est ainsi Bouygues Telecom qui a fait l’objet de plusieurs tentatives de rapprochement.
La dernière en date, officialisée début 2016, semblait bien engagée : Martin Bouygues avait, de lui-même, proposé sa filiale de téléphonie à Orange, qui s’était mis à la manœuvre en vue de rapprocher les intérêts de tous, y compris ceux du gouvernement, son actionnaire. Las ! Le patron du groupe de BTP a sifflé la fin de la partie le 1 avril. Cet échec a été immédiatement sanctionné en Bourse avec des baisses allant de 19,5 % pour SFR Group à 7,8 % pour Orange.
Depuis, les investisseurs apprécient diversement la stratégie de chacun dans un contexte de statu quo. SFR Group – qui avait réalisé un parcours boursier fulgurant depuis l’introduction de Numericable en 2013 – investit de nouveau dans ses réseaux pour soutenir sa stratégie de convergence médias/télécoms, mais l’absence de croissance et surtout sa dette massive pèsent sur son cours. Iliad, de son côté, reste une « success story » sur le plan commercial et boursier, mais il doit achever son réseau. Les performances opérationnelles d’Orange sont reparties à la hausse malgré d’importants investissements dans la 4G et la fibre et des acquisitions ciblées, ce qui soutient le titre. Enfin, Bouygues Telecom joue son va-tout dans la 4G. « Chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin », dit la chanson…
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