
L’année 2016 pourrait bien être l’année la plus difficile depuis la crise financière de 2008-2009 pour le marché mondial du luxe. Il est annoncé en baisse de 1 %, à 249 milliards d’euros, selon un récent rapport du cabinet Bain & Company. Ce dernier attendait encore, voilà 6 mois à peine, une petite croissance de 1 % pour ce marché de la maroquinerie, de la mode, de l’horlogerie-joaillerie et des parfums et cosmétiques.
Les attaques terroristes en France ne sont, bien sûr, pas étrangères à la situation, de même que le ralentissement économique et la lutte anti-corruption en Chine, sans compter les fluctuations de devises, qui rendent la clientèle chinoise extrêmement volatile. Le consommateur semble aussi évoluer en privilégiant désormais ce qu’on nomme l’expérience : si l’on tient compte de l’hôtellerie-restauration, des yachts et véhicules de prestige, le marché du luxe au sens large devrait ainsi progresser plutôt de 4 % cette année.
Cela dit, les représentants du secteur à la Bourse de Paris s’en sortent mieux que le marché. Si le parcours de ces actions sur un an est parfois plus mitigé, il reste largement positif sur 5 ans et sur cette année 2016, avec des progressions de 27 % pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent…), de 18 % pour Hermès, de 14 % pour LVMH (Vuitton, Hennessy…) ou de 26 % pour le petit Interparfums (Montblanc, Lanvin…). Rémy Cointreau, qui privilégie les cognacs et whiskies haut de gamme, a de son côté gagné 12 %.
Une offre de produits en adéquation avec les aspirations de la clientèle, ainsi que le renouvellement des collections, a permis à Kering, LVMH, Interparfums et Rémy Cointreau d’annoncer une accélération de leur croissance au 3e trimestre 2016, à devises comparables, malgré la chute du tourisme en France et la désaffection des Chinois pour le Japon, Hong Kong et Macao. Mais les grands acteurs que sont LVMH (le numéro un mondial), Kering et Hermès se félicitent de la solidité, si ce n’est de la fidélité, de leur clientèle locale en Europe et, depuis fin juin, de la chute de la livre, qui a suscité une ruée vers le commerce à Londres, où nos grands noms du luxe disposent naturellement de magasins.
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