Rendre l’épargne retraite obligatoire. C’est la recette miracle pour vivre correctement à la retraite, selon un sondage Deloitte-Harris réalisé sur un échantillon de 4 000 personnes. Si l’on en croit cette étude, six Français sur dix réclament que le troisième étage de la fusée retraite, celui des pensions supplémentaires, ne soit plus en option, au même titre que la retraite de base et la retraite complémentaire : 55 % des actifs et 72 % des retraités le souhaitent.
De toutes les mesures étudiées pour redresser les comptes de la Sécurité sociale, une baisse des pensions est la plus honnie et représente un repoussoir pour 74 % des retraités et 57 % des actifs..
Il faut dire que les trois quarts des actifs sont déjà inquiets du montant de leur pension future. En moyenne, ils pensent qu’il leur faudrait 31 % de revenus en plus pour répondre à leurs besoins financiers lorsqu’ils auront pris leur retraite. Ils anticipent donc un manque d’argent. Quant aux retraités, ils sont de moins en moins nombreux à se dire satisfaits du montant versé au titre des régimes obligatoires : 50 % seulement se contentent de ce qu’ils ont, en baisse de 11 points en quatre ans.
Les actifs et les retraités ne sont pas très solidaires. En plébiscitant l’épargne retraite obligatoire, les actifs voudraient surtout éviter une augmentation de l’âge de départ (à 60 %) ; seulement 29 % se résignent à travailler plus longtemps. A l’inverse, la moitié des retraités s’en accommoderaient, car, pour eux, le problème ne se pose plus.
Dernière mesure envisagée par les sondeurs, l’augmentation des cotisations. Cette fois, un actif sur trois (32 %) est prêt à faire cet effort, tandis que ce chiffre grimpe à 41 % pour les retraités. En réalité, si l’épargne retraite devenait obligatoire, il faudrait de facto cotiser plus.
Aujourd’hui, 57 % des actifs déclarent épargner pour financer leur retraite, contre 54 % en 2014. La retraite est le principal motif d’épargne en France. Au cours des douze derniers mois, l’ensemble des actifs ont déclaré avoir épargné 1 933 euros pour leurs vieux jours contre 1.866 euros il y a deux ans. Mais 72 % d’entre eux ont mis de côté seulement 455 euros. Enfin, 77 % des Français voudraient pouvoir transférer leur épargne d’un établissement à l’autre en conservant l’antériorité du contrat et les avantages fiscaux, chose impossible à ce jour.
©2016 Les Echos – SOLVEIG GODELUCK