Qui connaît la retraite progressive ? Ce dispositif a été inventé en 1988 pour les travailleurs désireux d’organiser une transition entre la vie active et la retraite. Personne n’y a jamais trop prêté attention, le projecteur restant plutôt braqué sur le cumul emploi-retraite, qui permet à 400 000 retraités de continuer à travailler après avoir liquidé leurs droits. Mais la réforme de la retraite progressive entrée en vigueur début 2015 pourrait changer la donne : elle permet de toucher une partie de sa pension de retraite dès 60 ans (et 150 trimestres), plutôt que d’attendre l’âge légal (62 ans en 2017).
Pour l’instant, le phénomène est de l’ordre de l’épaisseur du trait, selon les chiffres que vient de publier la Caisse nationale d’assurance-vieillesse : 5 208 personnes bénéficiaient d’une retraite progressive fin décembre 2015. Mais en un an, 3 871 nouveaux arrivés ont été enregistrés, soit un bond de 158 %, souligne Emmanuel Grimaud, président-fondateur de la société Maximis Retraite. Le spécialiste estime que la retraite progressive devrait continuer à se développer, et même devenir . Selon le baromètre Simul-retraite de 2014, 39 % des sondés souhaitaient partir progressivement à la retraite – contre seulement 20 % pour le cumul emploi-retraite et 16 % pour obtenir une surcote en travaillant plus longtemps à taux plein.
Principal avantage de ce dispositif encore embryonnaire : il permet de continuer à cumuler des droits en cotisant. La retraite finale est recalculée en fin de transition. Ainsi, les actifs qui ont eu des accidents de carrière et qui vont devoir travailler tard pour bénéficier du taux plein auront intérêt à passer à mi-temps pour ménager leur monture. En 2015, 2.200 personnes touchaient ainsi 283 euros de retraite progressive, soit 20 à 30 % de leur retraite, et près de 2.300 avaient 462 euros, soit 30 à 50 % de leur pension normale. Seules 722 personnes continuaient à travailler plus de la moitié du temps. Le montant moyen s’élevait à 403 euros, toutes catégories confondues.
Pour les entreprises aussi, la retraite progressive pourrait devenir intéressante alors que l’âge de la retraite va continuer de reculer. , souligne Emmanuel Grimaud. Seul hic : il n’y a pas de limite d’âge pour le salarié en « transition », qui peut ainsi rester dans les effectifs à 70 ans. Ce qui n’est pas très rassurant pour les DRH.
©2016 Les Echos – SOLVEIG GODELUCK