Tir de barrage. La présentation mercredi de leurs propositions en vue de la réforme de l’apprentissage a été l’occasion pour les présidents des régions de lancer une attaque en règle contre les branches professionnelles, mais aussi contre le gouvernement. L’objet du conflit ? Le projet prêté à l’exécutif de confier la responsabilité de cette formation en alternance aux branches professionnelles. Un casus belli.
Etre privé de l’apprentissage ? « Inconcevable », a lâché François Bonneau, le président délégué de l’association Régions de France et président (PS) du Centre-Val de Loire. Tout aussi déterminée, Valérie Pécresse, son homologue (LR) d’Ile-de-France, a critiqué la « méconnaissance » qu’a le gouvernement de l’action des régions et s’est insurgée contre le sentiment d’une « reprise en main par l’Etat jacobin et centralisateur ».
Mettant en avant leurs compétences en matière de développement économique et leurs connaissances du terrain, les régions ont écrit à Edouard Philippe. Elles revendiquent d’être le pilote en chef de toute la formation professionnelle et, donc, de disposer de tous les moyens financiers qui vont avec.
Aux yeux de François Bonneau et de ses pairs, ce ne serait que justice par rapport à leurs responsabilités et à tout le travail engagé. Quitte à réformer les du pilotage en concertation avec l’Education nationale ou les branches professionnelles.
Parmi les propositions formulées, il est ainsi question d’informer tous les collégiens sur l’apprentissage ou qu’ils puissent effectuer des stages de troisième en centre de formation d’apprentis (CFA). Que les régions servent de guichet unique en matière d’aides aux entreprises. Ou encore qu’elles puissent mutualiser les moyens techniques entre lycées pro et CFA (ce qui est censé déjà être le cas).
Les propositions formulées s’étendent à la formation professionnelle, promise elle aussi à une réforme d’envergure. Avec, là encore, des revendications qui risquent de faire tousser : unification de la commande publique pour les demandeurs d’emploi, décentralisation des 15 milliards du grand plan d’investissement sur les compétences, ou encore droit à expérimenter le pilotage de l’accompagnement des chômeurs, une fonction du ressort de Pôle emploi.
« Nous ne demandons absolument pas de créer autant de Pôle emploi que de régions », a tempéré François Bonneau, tout en appelant à ce que l’action de Pôle emploi “s’articule” avec les stratégies régionales. Sous-entendu : ce n’est pas le cas actuellement.
©2017 Les Echos – ALAIN RUELLO