Voilà un constat qui pourrait faire des vagues durant la prochaine campagne présidentielle. La France recule dans le classement mondial des patrimoines financiers nets détenus par habitant. Avec une moyenne de 53 430 euros, l’Hexagone occupait en 2015 le 16e rang, alors qu’il pointait en 9e position en 2000, selon une étude d’Allianz publiée mercredi.
La crise financière est passée par là, de même que l’accélération des régimes de retraite par capitalisation qui font florès ailleurs, ayant pour effet de grossir le patrimoine des ménages concernés. Comparée à d’autres pays de la zone euro, la France fait jeu égal avec l’Italie et se classe mieux que l’Allemagne, qui n’est que 18e au classement.
L’assureur allemand s’est particulièrement penché sur l’évolution des patrimoines dans les classes moyennes. Dans la majorité des pays, cette catégorie de la population a vu son poids augmenter dans la répartition totale des richesses. En France, les classes moyennes comprennent les personnes qui détiennent un patrimoine (hors immobilier) évalué entre 16 000 et 96 000 euros. Il ressort que la part de la classe moyenne dans le total du patrimoine financier net a augmenté de plus de 15 % depuis l’an 2000. Aucun autre pays n’a connu pareille évolution. Explication : les rangs des classes moyennes ont grossi, car les personnes plus riches ont perdu des plumes durant la crise. Une exception toutefois, le décile des personnes les plus riches, qui a vu son patrimoine augmenter d’année en année, s’éloignant toujours plus de celui de la classe moyenne…
De quoi verser de l’eau au moulin des opposants à la politique monétaire de la BCE ? Ses taux bas sont supposés pénaliser les petits épargnants, tandis que ses rachats d’actifs à haute dose rempliraient les poches des plus aisés. Or, en France, le patrimoine financier brut par habitant a augmenté de 4,9 % l’an dernier, soit autant que la moyenne mondiale, qui affiche elle le score le plus bas depuis 2011. commente Michael Heise, chef économiste chez Allianz. Les Français, plus prompts à placer leur argent dans des produits financiers, ont dégagé un rendement moyen de 3,6 %, loin devant les 2,3 % obtenus par les Allemands, qui laissent dormir 40 % de leur épargne sur un compte en banque.
©2016 Les Echos – JEAN-PHILIPPE LACOUR