La France n’a pas gagné l’Euro, mais un vent d’optimisme a tout de même soufflé ce lundi au gouvernement. La raison ? Sur la base de son rapport annuel publié mi-juin, le Comité d’orientation des retraites a rendu son avis sur la situation et les perspectives du système de retraites. Concernant la pérennité financière, il constate une « amélioration lente mais sensible ». « Les réformes faites depuis 20 ans permettent de faire face au changement démographique dès lors qu’une croissance d’environ 1,5 % de la productivité est obtenue en moyenne sur longue période », souligne le comité présidé par la conseillère d’Etat Yannick Moreau. Notamment grâce à l’accord sur les retraites complémentaires, qui pénalise temporairement les salariés quittant la vie active aussitôt obtenu le nombre d’annuités de cotisations suffisant pour bénéficier de leur retraite à taux plein.
« Nos efforts pour préserver le système de retraites par répartition, un modèle de solidarité auquel les Français sont attachés, portent leurs fruits », a aussitôt estimé le Premier ministre Manuel Valls.« Je dis à ceux (…) qui dans la perspective des élections à venir veulent se faire les messagers de l’anxiété, qu’ils ont tort », a déclaré la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, faisant allusion aux candidats à la primaire à droite, qui prévoient tous un nouveau relèvement de l’âge de départ à la retraite : «Ils doivent assumer ce choix » qui « n’est pas celui du gouvernement » et« ne s’impose pas pour des raisons financières » , a-t-elle poursuivie.
«Si c’était aussi simple », a répliqué Eric Woerth, secrétaire général des Républicains, chargé du projet pour 2017, appelant à la prudence sur les prévisions. Et l’ex-ministre du Travail de justifier les mesures d’âge en assurant que «l’âge demeure, dans un système par répartition, une variable incontournable. Nous avons raison de le faire pour que les rapports optimistes restent optimistes. » Une manière de relativiser les conclusions du comité. François Fillon, lui, a taclé en retour Marisol Touraine, soulignant que ce « rétablissement » est « le résultat des réformes menées depuis 1993, et notamment celle de 2010, que la gauche a combattues ! » L’ex-Premier ministre voit aussi, dans le « déficit du système de 4 milliards en 2020 », la preuve « qu’il y a encore des efforts à faire ». Et puis, s’emparant des prévisions du COR pour que le « système soit à l’équilibre dans 25 ans », François Fillon estime que le compte n’y est pas. « Rien d’absurde »,donc, pour lui, à relever l’âge légal de la retraite, « compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie ». « La déclaration de Marisol Touraine s’inscrit dans la longue tradition d’irresponsabilité de la gauche sur les retraites, renchérit Maël de Calan, conseiller d’Alain Juppé. Pour lui, à court, à moyen et à long terme, « avec des hypothèses raisonnables », le système reste déficitaire. « Relever l’âge est plus que jamais un impératif», martèle-t-il, en particulier « si on veut baisser les prélèvements. » Même son de cloche chez Jean-François Copé, qui met en avant la « nécessaire fusion des régimes ». Leur rapprochement est justement une piste promue par le comité de suivi des retraites que le gouvernement n’a pas relevée.
©2016 Les Echos – LEILA DE COMARMOND