Dans un communiqué commun, les syndicats de praticiens rejettent la création d’un nouveau statut de sage-femme libérale référente qui, selon eux, pourrait venir concurrencer celui de médecin traitant.
Les syndicats de médecins libéraux sont vent debout contre la création d’un statut de sage-femme « référente », instauré par la proposition parlementaire de loi (PPL) « visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification ». Lors de l’examen en commission des Affaires sociales de ce texte proposé par la députée du Loiret Stéphanie Rist (par ailleurs, médecin rhumatologue), une série d’amendements déposés par plusieurs élus de la majorité ont introduit ce nouveau statut qui permettrait aux maïeuticiens de prescrire des examens et des traitements en cas d’infections génitales et de renouveler les prescriptions d’arrêt de travail.
Ces amendements transforment la sage-femme libérale « de spécialiste de la grossesse et de la périnatalité à celui de médecin traitant de la femme », s’insurgent cinq syndicats de médecins (*) dans un communiqué commun diffusé le 24 novembre 2020. « Cette évolution n’est pas acceptable par l’ensemble des médecins libéraux », préviennent-ils. Selon les organisations cosignataires du communiqué, les médecins traitants, qui sont le plus souvent des généralistes, doivent demeurer les garants du parcours de soins coordonné. D’après elles, c’est au médecin traitant et à lui seul que revient la mission de coordonner et de suivre les soins apportés au patient.
Bientôt plus de pénurie de médecins
Le nouveau statut de sage-femme référente aurait « pour conséquence de défaire le parcours de soins qui est la colonne vertébrale de notre système de santé », estime le communiqué intersyndical. Les praticiens libéraux s’opposent d’autant plus à sa création que le manque actuel de médecins ne devrait pas durer. C’est cette pénurie, consécutive aux départs massifs à la retraite des médecins issus du « baby-boom » conjugués à des années de numerus clausus très sélectifs aux études de médecine, qui est à l’origine des amendements. Dans l’esprit de leurs auteurs, les sages-femmes référentes doivent permettre de pallier le déficit de praticiens.
Un argument également rejeté par les syndicats, qui rappellent dans leur communiqué que « les projections du Conseil national de l’Ordre des médecins prévoient une remontée rapide du nombre des médecins à partir de 2025 ». À cette date, les départs des « baby-boomers » devraient commencer à se tarir et les effets de l’assouplissement du numerus clausus devraient se faire ressentir. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la discussion de la PPL en séance publique à l’Assemblée nationale n’est pas achevée et son examen au Sénat n’est pas encore programmé.
(*) Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Fédération des médecins de France (FMF), Le Bloc, MG France, Syndicat des médecins libéraux (SML).
Sources : http://www.csmf.org/actualites/2020-11-24-000000/communique-intersyndical-parcours-de-soins-ne-remplacons-pas-les ; http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b3470_proposition-loi