Dans la bataille pour le pilotage de l’apprentissage, les régions peuvent se prévaloir avec les artisans d’un allié de poids face aux branches professionnelles. « Alors que le gouvernement prépare une réforme de l’apprentissage, les chambres de métiers et de l’artisanat et les régions (…) partagent un constat et une vision commune », ont écrit François Bonneau, le président délégué de Régions de France, et Bernard Stalter, celui de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat dans une tribune commune. La sortie des artisans est d’autant plus notable que sur les 400.000 jeunes environ qui ont choisi cette forme d’enseignement par alternance, la moitié passe par eux. En retirant l’hôtellerie-restauration, on est plus proche de 140.000, corrige Catherine Elie, la directrice des études et du développement économique de l’Institut supérieur des métiers (ISM).
Même avec un tiers « seulement » des apprentis formés, alors qu’ils ne représentent « que » 9 % des emplois salariés, les artisans restent le premier employeur d’apprentis en France. Ils sont d’autant plus incontournables que la saison 2015-2016 a marqué un retournement : après une baisse cumulée de 13 % sur quatre ans, le nombre d’inscriptions en première année d’apprentissage est reparti à la hausse durant la saison 2015-2016, à hauteur de 73.135 (+3 %). A cela plusieurs raisons, analyse Catherine Elie : retournement de conjoncture, très forte dynamique des métiers de l’alimentation, notamment de la boulangerie, mais aussi coups de pouce de certaines régions.
Les Hauts-de-France, par exemple, ont mis la main à la poche pour aider les jeunes dont le contrat a été rompu. S’il confirme un mieux global, le baromètre ISM-Maaf montre aussi des situations contrastées selon les secteurs. La tendance reste négative dans le BTP par exemple. Il soulève aussi la question des freins à la mobilité pour nombre de candidats-apprentis quand très peu de CFA forment à certains métiers (blanchisserie ou sellerie par exemple). « La proximité d’un CFA est clef », confirme Catherine Elie.
Autre enjeu bien mis en évidence, celui de l’orientation. Deux chiffres l’illustrent. Près d’un tiers des jeunes se lancent dans l’alternance après avoir interrompu la préparation d’un autre diplôme. Et un sur dix de ceux qui ont déjà le bac décide de préparer un… CAP.
Se posant comme le « trait d’union capable de faire converger » branches professionnelles, régions et Education nationale, les artisans avancent dans ce contexte 7 propositions. Certaines tiennent de l’objectif. Il s’agit de mieux travailler avec l’Education nationale et les régions pour une plus grande adaptation aux besoins des entreprises et des apprenants. D’autres sont plus concrètes. Les artisans demandent ainsi d’être reconnus comme un partenaire « à part entière » du service public régional de l’orientation. De créer, avant la signature du contrat, un en CFA, ou encore un salaire minimum légal de l’apprenti sur le seul critère du niveau de diplôme préparé.
©2017 Les Echos – ALAIN RUELLO