Le capital sans mentorat ni accompagnement est du capital perdu », si Ronan Pelloux, cofondateur de Creads (35 salariés), fait sienne cette recommandation du G20 des entrepreneurs, dont il est porte-parole pour la délégation française, c’est parce que depuis la création de son entreprise, il a pu mesurer l’intérêt précieux d’un accompagnement multiforme. Notamment pour éviter les zones de turbulences, comme le montrent les taux de pérennité des entreprises accompagnées. Alors que les défaillances d’entreprises sont en baisse de 3,9 % au premier trimestre par rapport à la même période en 2016 (Altares), les entreprises obligées de mettre la clef sous la porte le sont le plus souvent pour deux causes récurrentes : des délais de paiement trop longs, des fonds de roulement trop faibles. D’où l’importance de mettre en place des outils d’alerte, d’être en veille constante et donc d’être accompagné afin de bénéficier de recul et d’expertise.
La bonne nouvelle, c’est que cet accompagnement est multiforme et chaque entreprise peut trouver la formule qui lui convient. Ronan Pelloux en mesure d’autant plus l’impact que, pour lui, l’aventure avait plutôt mal commencé : « Nous voulions aller vite, et, concentrés sur notre business, nous avons choisi un expert-comptable au hasard. Or, il ne correspondait pas à nos besoins : on lui transmettait nos chiffres, il nous donnait notre résultat, et c’est tout. Aujourd’hui, nous avons trouvé un excellent expert-comptable par recommandation, véritable partenaire clef : grâce à lui, la comptabilité n’est plus une contrainte mais un outil de pilotage, de structuration. »
Plus globale est l’offre de réseaux d’accompagnement comme Réseau Entreprendre ou l’Institut du mentorat entrepreneurial. Ici, l’accès à un réseau d’experts se double d’un accompagnement individualisé par un chef d’entreprise expérimenté. Un vrai plus. Les accompagnateurs ne sont pas des “sachants”, juste des miroirs, explique Armelle Weisman, multientrepreneuse, administratrice du Réseau Entreprendre Paris. Je partage ce qui a fonctionné pour moi et ce qu’il y a à éviter. Tout n’est pas à réitérer, mais avoir vécu des expériences similaires permet d’aller plus vite. Ensuite, cet accompagnement apporte le recul de celui qui n’est pas dans l’activité, qui permet d’objectiver certaines situations. C’est aussi, parfois, l’invitation à se remettre en question, car il y a généralement autour de l’entrepreneur qui réussit une aura telle que peu de gens se permettent de pointer les petites failles qui pourraient demain devenir un souci. Enfin, c’est aussi un sas, un exutoire, le moment où on peut tout dire, parler vrai, car il n’y a pas d’intérêt autre que d’accompagner au mieux l’entrepreneur, sans le juger et sans être partie prenante du business. » Sans oublier, bien sûr, l’accès à un carnet d’adresses !
De manière moins formelle, les entrepreneurs peuvent également se tourner vers des clubs et autres réseaux de chefs d’entreprise, où ils pourront sans complexe partager leurs doutes sans réserve ou presque. Qui mieux qu’un autre patron de PME pourra comprendre la difficulté de l’un à lâcher les rênes durant les vacances, ou les questions d’un autre face au changement de rôle qu’induit une croissance rapide ? Certes, que l’on veuille se lancer en mode start-up ou que l’on soit un patron débordé, pas évident de se dire que se faire accompagner est une priorité. Mais en cas de problème ou de croissance, la structuration, comptable, managériale, etc., devient indispensable. D’où le rôle précieux des pépinières, des incubateurs, des experts.« Les entrepreneurs ont tous l’impression de vivre une expérience unique, mais, au final, on passe tous par les mêmes doutes, les mêmes phases ! » estime Ronan Pelloux. Etre challengé, conseillé, et même tout simplement écouté peut faire toute la différence.
19 % ont été accompagnés par des organismes spécialisés (chambres consulaires, réseaux d’accompagnement : BGE, Adie, France Initiative…) et 12 % par des spécialistes (avocats, notaires, experts-comptables…).
71 % des entreprises traditionnelles (i.e. hors autoentrepreneurs) sont toujours en activité 3 ans après leur création. Selon leurs statistiques, les réseaux d’accompagnement ont des taux de pérennité à 3 ans supérieurs à ceux de la moyenne nationale à population comparable : 91 % pour les entreprises accompagnées par Réseau Entreprendre, 76 % pour l’Adie par exemple.
©2017 Les Echos – VALERIE TALMON