
Entre 2010 et 2015, l’aéronautique a été l’un des secteurs « chouchous » des investisseurs. Il faut dire qu’avec Airbus (pour les sociétés cotées à Paris) en étendard, difficile de faire mieux : sur cette période, le cours de l’avionneur a été multiplié par 5, bien mieux que le marché parisien !
Une belle période boursière, dont tous les autres acteurs du secteur, motoristes, équipementiers ou électroniciens, ont profité. La conjoncture s’est, en effet, montrée florissante. Entre les nouveaux appareils comme le long-courrier A350 ou le monocouloir A320 remotorisé, et les valeurs sûres du reste de la gamme, Airbus a reçu commande, sur ces cinq années, de 7 720 appareils représentant une valeur estimée de 1 000 milliards de dollars.
Mais le vent porteur est retombé ces derniers mois, y compris à la Bourse. Les commandes, logiquement, ont ralenti et, surtout, le temps d’honorer ce carnet de presque 10 années d’activité est venu. Le secteur entier se prépare à ce défi depuis longtemps, mais entre ajustements à la baisse des cadences sur les anciens modèles et mise en place des chaînes de production pour les nouveaux modèles, tout le monde est sous tension.
Les premiers heurts sont venus de là où on ne les attendait pas : du premier de la classe, Zodiac Aerospace. Les difficultés de l’équipementier dans la livraison des sièges de cabine, puis des équipements de toilettes pour l’A350, ont entraîné des inquiétudes et des charges financières, y compris chez l’avionneur. Et les simples retards initiaux se sont révélés être une profonde crise de croissance pour l’équipementier qui a enchaîné, en moins de deux exercices, cinq avertissements sur résultats, plombant son action.
Pour certains observateurs, c’est en fait un changement de culture complet qui est en cours dans l’aéronautique, passant de l’orfèvrerie à l’ère industrielle en un temps réduit. Chez Safran, la montée en cadence des nouvelles familles de moteurs pour monocouloirs, les Leap, doit se faire en quatre ans quand elle avait pris 25 ans pour son actuel best-seller, le CFM56. Aujourd’hui, les investisseurs retiennent leur souffle et préfèrent le militaire au civil. Pour preuve, le beau parcours récent de Thales.
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