
Le compte à rebours est lancé depuis le 8 août, date de promulgation de la loi pour la reconquête de la biodiversité. Ce texte a programmé le retrait pur et simple du marché de toute une série de produits, d’un usage plus ou moins éphémère, ainsi que l’abandon de certaines substances et pratiques accusées de nuire gravement à l’environnement. Une liste d’interdits qui s’ajoutent à ceux déjà prononcés dans la loi de transition énergétique sur les sacs plastique jetables dans la distribution et qui, pour partie, sont déjà appliqués (depuis le 1er juillet pour les sacs de caisse et à compter du 1er janvier 2017 pour ceux qui servent à emballer les produits frais).
Les grands groupes semenciers, concernés au premier chef par le bannissement des néonicotinoïdes, aimeraient bien, eux aussi, avoir le temps de se retourner. A partir du 1er septembre 2018, les agriculteurs ne pourront plus utiliser les insecticides contenant ces produits, notamment le Gaucho, qui leur est fourni par Monsanto. Leur grand tort est d’être à l’origine de la mortalité record des abeilles, comme vient encore de le signaler une étude publiée mardi par la revue « Nature Communications ».
Mais cet interdit jeté sur les néonicotinoïdes ressemble plus à un nœud coulant qu’à la guillotine. La loi sur la biodiversité autorise en effet les pouvoirs publics à délivrer des dérogations au retrait du marché de ces substances et ce, sur une durée pouvant courir jusqu’au 1er janvier 2020. Un « délai de grâce » obtenu au terme d’âpres débats parlementaires. « Il y a eu un intense lobbying donnant lieu à une avalanche d’amendements », juge Arnaud Gossement, avocat spécialiste du droit de l’environnement. Et d’observer que tel n’a pas été le cas pour l’interdiction des microbilles et celle des Cotons-Tiges en plastique qui devront disparaître de la circulation le 1er janvier 2020 également. Exactement le même jour que les gobelets, verres et assiettes jetables de cuisine qui sont fabriqués dans la même matière. A cette date, la loi de transition énergétique n’autorisera plus ces objets que s’ils sont compostables et constitués de matières biosourcées.
©2016 Les Echos – JOEL COSSARDEAUX